Discours de la ministre de la Culture, Maggy Nagel. à l'occasion de la 38ème conférence générale de l'UNESCO

Monsieur le Président de la Conférence générale,

Monsieur le Président du Conseil exécutif,

Madame la Directrice générale,

Excellences, Honorables Délégués,

La 38e conférence générale a lieu à un moment crucial entre l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la tenue prochaine de la COP21. C’est
un moment traditionnellement riche en débats et idées.

Je suis convaincue qu’à l’occasion de cette session, l’UNESCO saura se montrer de nouveau fidèle à sa vocation, son devoir de faire avancer l’idéal onusien dans les mentalités des femmes et des hommes dans des domaines qui se trouvent particulièrement en danger aujourd’hui.

Je salue tout particulièrement l’accent mis par notre agenda sur la protection du patrimoine culturel et la promotion du pluralisme culturel en cas de conflit armé et j’exprime mon plein soutien à l'action de l'Unesco. A travers la destruction des richesses culturelles on s’attaque à ce que le patrimoine représente en termes de valeurs, d'identités, de références et d'émotions partagées. C’est le "vivre ensemble" qu’on veut atteindre, les valeurs fondamentales que sont la fraternité et la solidarité. C’est insupportable. Il est de notre responsabilité commune, Etats membres de l’UNESCO comme son Sécrétariat, de réagir, de faire accepter que nos sociétés sont des "êtres culturels" et que, donc, notre avenir passe aussi par la culture.

C'est ce que nous essayons de faire, notamment en tant que Présidence du Conseil de l'Union européenne: il s'agit de promouvoir une intégration transversale de la culture dans la diplomatie européenne, ses politiques sectorielles comme celle du développement, pour assurer une approche stratégique du rôle de la culture dans l'action extérieure de l'UE. Avec cette ambition, nous avions organisé une conférence internationale à Luxembourg, cet automne, avec la participation de l’UNESCO. Nous avons également inscrit la destruction du patrimoine culturel à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil des ministres de la culture UE, qui se tiendra le 24 novembre prochain. Le rôle de la culture dans la transposition des objectifs de développement durable constitue un autre défi à relever.

Mais il faut aussi agir au niveau national. C'est pourquoi je soutiens toutes les activités qui proposent une conjonction entre éducation, science et culture.

Monsieur le Président,

À une époque où des jeunes filles risquent leur vie en allant à l’école, où des jeunes garçons sont forcés de devenir soldats au lieu d’élèves, la liberté de s’instruire et d’instruire, l’accès à une éducation qualitative et humaine doit, plus que jamais, être garanti. L’accès non entravé à la connaissance est indispensable au progrès de la société humaine. L’apprentissage familial, les approches d’éducation intergénérationnelle, qui permettent une formation hors du cadre scolaire et qui brisent les barrières artificielles entre l’apprentissage formel, non-formel et informel sont de précieux corollaires à cet égard. L’afflux massif de réfugiés vers les pays de
l’UE, pose le problème d’une intégration scolaire et professionnelle de dizaines de milliers d’êtres humains déracinés. Je forme le voeu que l’UNESCO saura nous conseiller face à ce défi.

Les travaux de cette Organisation tendent à garantir aux générations futures un environnement sain, afin de leur permettre de s’épanouir dans un cadre de vie durable, dans un monde en paix. Une belle illustration de ce but est le programme "L’Homme et la biosphère", destiné à protéger la nature au moyen d’un réseau de réserves de biosphères, tout en y préservant l’activité humaine.

La publication imminente du Rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030, adressera la recherche d’un juste équilibre entre la promotion d’une liberté de la recherche scientifique et le respect de la bioéthique. Nous nous y sommes attelés d’ores et déjà avec l’inauguration récente de la Maison du savoir, la Maison des sciences humaines et la Maison de l’innovation, dans le sud du Grand-Duché. Cette région, où au siècle dernier une sidérurgie florissante avait créé les bases de l’essor économique et de la société multiculturelle du Luxembourg, sera dorénavant un berceau de la recherche, de la créativité et du savoir, nous permettant de mieux
appréhender l’avenir.

En ma qualité de ministre de la Culture, j’accorde une importance toute particulière à la liberté d’expression et à la création artistique. C’est à elles que nous devons ces magnifiques oeuvres qui figurent sur les listes du patrimoine matériel et immatériel. Le Luxembourg accorde une attention particulière à l’épanouissement des artistes et intermittents du spectacle et à l’accès des jeunes aux professions artistiques, au sens large du terme. J’aimerais, enfin, rejoindre la Directrice générale dans l’importance qu’elle attache à la liberté d’informer et de s’informer. Mon pays défend de manière déterminée un journalisme libre, exempt de pressions, fondamental pour le fonctionnement de la démocratie et de l’Etat de droit.

Monsieur le Président,

Je voudrais à mon tour saisir cette occasion pour féliciter l’Organisation pour son 70e
anniversaire. Une célébration conjointe du 70e anniversaire de l’ONU et de l’UNESCO a eu lieu, le 28 octobre, à l’Université de Luxembourg, sous l’impulsion de la Chaire UNESCO pour les droits de l’homme. De cette célébration est sorti un constat, celui de la pertinence de la mission de l’UNESCO dans un monde chaotique et son rôle à nous rappeler constamment qu’une paix durable reste tributaire d’un degré suffisamment élevé d’éducation, de science et de culture de nos sociétés et à nous inciter sans relâche à partager et propager cet objectif impératif pour le progrès de l’humanité.

Je vous remercie de votre attention.

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