La ministre de la Culture, Maggy Nagel, accompagnée des responsables du service technique de la Ville de Luxembourg, et de Foni Le Brun, chargé de direction du Centre national de recherche archéologique (CNRA), a visité les fouilles archéologiques sur la place Guillaume II qui s’y déroulent avant l’agrandissement de l’actuel parking souterrain. Cette place ayant été érigée sur l’ancien couvent des Cordeliers des Franciscains à l’origine de l’appellation "Knuedler", la ministre a pu constater l’importance scientifique des découvertes médiévales effectuées dans le sous-sol du cœur de la capitale.
Des visites guidées gratuites pour le public pendant la période de l’Octave
Pendant la période de l’Octave, ces fouilles seront accessibles gratuitement au public à l’occasion de visites guidées les après-midi des jeudi 15 et 22 mai, ainsi que le mardi 20 mai. Dirigées par l’équipe du service d’archéologie médiévale et postmédiévale du CNRA avec des archéologues de la société Archéodunum spécialisée en fouilles urbaines et des ouvriers de la firme Archéo-Constructions, les fouilles préventives ont révélé de très importants vestiges et substructions allant du XIIIe au XVIIIe siècle encore conservés sous la place actuelle.
Les fouilles préventives: un exemple à suivre par les aménageurs
Les fouilles en milieu urbain sont généralement difficiles en raison des nombreuses contraintes techniques et organisationnelles. Comme récemment dans la rue du Fossé, les fouilles effectuées au Knuedler sont un exemple de l’utilité et de l’efficacité des fouilles dites "préventives", c’est-à-dire que ces investigations sont réalisées préalablement aux travaux de construction en étroite concertation avec le maître d’ouvrage, en l’occurrence la Ville de Luxembourg (building our future: http://www.youtube.com/watch?v=bBCJd_dHRzY). Par ailleurs, conscientes des gênes occasionnées par les chantiers, les équipes du CNRA et les services techniques de la ville s’efforcent également de réduire au minimum les nuisances causées aux commerçants, citadins et personnes de passage, tout en veillant à informer le public.
Un dialogue réussi entre aménageurs et archéologues
Le dialogue étroit entre les services techniques de la Ville de Luxembourg et le CNRA a permis de planifier au mieux les interventions des différents corps de métier et ainsi de documenter le patrimoine archéologique avant sa destruction tout en respectant les délais prévus pour les travaux de construction. Conciliant et défendant les intérêts à la fois des aménageurs et des archéologues, cette démarche préventive permet d’éviter des retards et des surcoûts.
Archéologie préventive: démarche efficace pour ne pas freiner la construction en conciliant les intérêts du patrimoine culturel et du développement économiqueSoucieuse de favoriser un développement économique et respectueux du patrimoine archéologique, la ministre de la Culture encourage la poursuite des "excellentes synergies développées entre les services de l’État et ceux de la Ville de Luxembourg". Par ailleurs, Maggy Nagel, qui est aussi ministre du Logement, a souhaité que ce type d’opération "puisse servir d’exemple à l’échelle du pays entre aménageurs et archéologues".
Premiers résultats: les vestiges archéologiques du couvent des Franciscains
La grande place devant l’Hôtel de ville s’appelle officiellement "place Guillaume II", mais de façon vernaculaire, elle est appelée "Knuedler" par allusion aux nœuds (Knuet/Knued/Kniet) des ceintures en corde que portaient les moines franciscains. Lors des explorations pratiquées cette année dans la partie nord, de nombreuses structures archéologiques relatives à l’histoire de l’ancien couvent des Franciscains, ont été mises au jour. En 1222, les Franciscains fondèrent devant les remparts de la ville médiévale de Luxembourg un couvent, comprenant également une église et un cloître, dont l’extension s’étendait à peu près sur l’ensemble de l’actuelle place Guillaume II. Vers la fin du XVIIIe siècle, suite à la conquête de la forteresse par les troupes françaises en 1795, le couvent fut annexé et l’ordre dissout en 1796. En 1804, Napoléon fait don de l’ancienne propriété des Franciscains à la ville de Luxembourg. Un plan de 1811 montre encore les bâtiments et les jardins religieux aménagés au XVIIe siècle. Sur le plan cadastral dressé vers 1904, toutes les traces du couvent ont disparu sous les remblais suite à d’importants travaux de démolition.
Les nombreuses informations et vestiges découverts lors de ces fouilles seront traités et exploités dans les laboratoires du CNRA. Leurs études scientifiques contribueront à mieux comprendre l’histoire de l’évolution de la Ville de Luxembourg et des modes de vie de ses habitants.
Qu’est-ce que l’archéologie préventive?
Avant de débuter les travaux de construction, afin de lever au plutôt la contrainte archéologique, il est recommandé aux aménageurs de contacter le Centre national de recherche archéologique (CNRA) pour qu’il puisse au cas par cas effectuer ou non des investigations préliminaires (prospections, sondages diagnostics, géophysiques) pouvant donner lieu à des fouilles archéologiques pour documenter scientifiquement les structures et vestiges menacés de destruction irrémédiable.
Lors d’interventions archéologiques, le planning des investigations est réalisé en étroite concertation avec les aménageurs, afin de respecter au mieux les délais, tout en assurant une documentation scientifique de qualité.
Un comportement patrimonial responsable et partagé entre État et commune
Les opérations archéologiques conduites ces dernières années dans le cœur historique de la capitale ont prouvé qu’il est possible de concilier respect du patrimoine et aménagement moderne. La mise en place de nouvelles démarches dites « préventives » par le CNRA permet de tenir compte au mieux des intérêts des aménageurs et d’assurer une bonne documentation du patrimoine archéologique, à défaut de sa préservation avant sa destruction irréversible.
Communiqué par le ministère de la Culture