Octavie Modert au sujet du décès de Jacques Rigaud

C’est avec une profonde émotion que j’ai pris connaissance de la disparition de Jacques Rigaud.

Administrateur délégué de RTL durant vingt ans, entre 1980 et 2000, Jacques Rigaud a entretenu avec le Luxembourg des relations qui dépassaient largement le cadre professionnel et institutionnel. Il est rapidement devenu un grand ami de notre pays, dont il a régulièrement défendu les intérêts et la réputation, faisant partager à ses compatriotes sa connaissance du Grand-Duché, ainsi que son admiration pour son histoire et son intérêt constant pour sa culture.

Car Jacques Rigaud n’a pas été qu’un grand commis de l’État, un patron de radio éclairé et efficace, il a surtout été un grand homme de culture, dont les paroles et les actes ont largement contribué à défendre ce qu’il appelait "l’exception culturelle", dans un monde trop souvent obsédé par le matérialisme et les seuls objectifs commerciaux.

C’est ainsi que Jacques Rigaud a apporté son énergie, son entregent et ses visions au développement des centres culturels de rencontre en France puis en Europe. Président du conseil d’administration de la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, créateur puis inspirateur du réseau des centres culturels de rencontre, il a, avec discrétion et un total désintéressement, conseillé, accompagné et soutenu les différents ministres initiateurs du projet de transformation de l’ancienne prison du Grund en Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster. Dès l’ouverture du centre, il avait accepté de faire partie du Comité international de parrainage, avant de devenir le premier président du Conseil scientifique de l’Institut Pierre Werner.

Mais cet humaniste lettré, grand amateur de théâtre, de littérature, d’art et de cinéma a laissé son empreinte dans bien d’autres réalisations. Créateur de l’établissement public du Musée d’Orsay, ancien président du Fonds régional d’art contemporain de la Région Aquitaine, membre du jury du Prix François Mauriac, fondateur de l’association pour le mécénat d’entreprise ADMICAl, membre du Conseil d’administration du Festival de Cannes…, cet ancien haut fonctionnaire, ancien chef d’entreprise, a multiplié les réflexions et les actions au service de la culture.

Auteur de plusieurs rapports de première importance sur la place de la culture dans nos sociétés, mais aussi d’essais qui sont devenus des ouvrages de référence, Jacques Rigaud était venu pour la dernière fois à Luxembourg en février 2011, présenter à l’Abbaye de Neumünster son livre testament: "Quand les ombres s’allongent". Il avait récemment émis le souhait de revenir rapidement rendre visite à ses nombreux amis luxembourgeois.

À chaque sollicitation venant de notre pays, Jacques Rigaud se plaisait à répondre: "Pour le Luxembourg, je suis taillable et corvéable à merci"!

Ses amis luxembourgeois, mon ministère et moi-même n’oublierons jamais sa fidélité en amitié et son indéfectible affection pour notre pays.

Ensemble avec mes prédécesseurs, je voudrais lui exprimer un dernier hommage vibrant au nom de la culture qui au Luxembourg lui doit beaucoup.

À sa famille, à ses proches et à tous ceux qui l’ont connu et apprécié, je présente mes plus sincères condoléances.

Octavie Modert

Communiqué par le ministère de la Culture

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