3 Questions à Serge Tonnar de "Live aus der Stuff"

"Le virus est la distraction, ce que nous faisons est l'essentiel."

Les institutions culturelles sont fermées, mais l'art subsiste. Serge Tonnar, en collaboration avec Maskénada et le ministère de la Culture, a lancé l'initiative "Live aus der Stuff" pour offrir aux gens un programme culturel en direct sur Facebook. Chaque soir à 20h00, un autre artiste présente une performance. Les artistes se filment eux-mêmes dans leur propre salon et cette performance est ensuite transférée sur la page Facebook de "Live aus der Stuff".

©Jean Huot
Serge Tonnar

Comment est née l'idée de "Live aus der Stuff"?

Dès que j'ai appris que nous devions rester à la maison, j'ai réfléchi à ce qu'on pourrait faire pour garder vivant l'art de la scène. Au début je pensais que nous le ferions dans mon salon. J'ai d'abord demandé à Jean Muller et il m'a dit tout de suite qu'il n'irait nulle part. On n'avait pas encore officiellement annoncé qu´on devait rester à la maison. Mais nous voulions être aussi rigoureux que possible dès le début, car nous ne savions pas quelles autres restrictions arriveraient. Nous nous sommes donc demandés : Comment peut-on toucher autant de personnes que possible tout en respectant les règles? Avec un smartphone et Facebook, tout le monde peut filmer, diffuser en direct et personne ne doit bouger de sa maison.

Comment est-ce que vous vous organisez avec les artistes pour mettre en place le programme?

Au début, j'ai simplement parlé à quelques artistes que je connais. Et cela a si vite évolué, que les artistes ont commencé à me contacter eux-mêmes. Je gère ça maintenant seul de chez moi. Il y avait beaucoup de travail au début pour établir tout le cadre. Il y a sûrement des personnes qui se sentent plus à l´aise avec les nouvelles technologies que d´autres. J'ai cependant écrit un manuel d'utilisation et tourné un petit film sur la façon de le faire, que j´ai envoyé à tous les artistes. Je prépare également la fiche d´introduction avec le logo pour imprimer à la maison. C'était beaucoup de travail en une fois, mais une fois établi, c´est gérable. Je voulais montrer à d'autres artistes comment ils peuvent s´organiser pour continuer avec ce format.

Comment est la résonance?

La résonance est énorme et je n'ai encore jamais vécu quelque chose de semblable du point de vue du nombre de personnes qui sont actives et des commentaires, alors que j´ai déjà publié beaucoup de musique sur Facebook. Et les commentaires qui sont écrits en direct vivent en grande partie de la convivialité lorsque les gens se saluent. Ils commencent déjà à faire des blagues: "Excusez-moi, ici c'est ma place."

Le minimum de personnes que nous avions en direct était 120 et le maximum 2100. Les concerts ont été vus plus que 385.000 fois. Nous publions les vidéos en ligne pendant deux semaines. Je ne sais pas si on trouve une salle de concert au Luxembourg qui pourrait accueillir autant de personnes. J'ai toujours dit, que les gens veulent voir leurs propres artistes. Georges Urwald a tout simplement chanté de vieilles chansons luxembourgeoises. Il a été vu plus que 44.500 fois. Avec de simples chansons en luxembourgeois, on peut toucher beaucoup de gens. Les gens découvrent maintenant des choses qu'ils n'auraient jamais vues autrement. Je le constate également dans les commentaires. Si nous devions organiser un festival maintenant, où tous les artistes de "Live aus der Stuff" se produiraient ensemble, alors les gens le visiteraient sûrement.

Malgré tous ces chiffres, nous voulons naturellement reprendre le travail sur scènce dès que possible. Mais nous ne savons pas encore, quand ça sera le cas. À mon avis, ce que nous faisons ici est vital. Ce n'est pas seulement du divertissement ou de la distraction. Le virus est la distraction, ce que nous faisons est l'essentiel.

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