"Une documentation unique en Europe", Octavie Modert au sujet de la création de l'lnstitut européen des itinéraires culturels

Le Jeudi: L'Institut européen des itinéraires culturels a été créé au Grand-Duché de Luxembourg en 1998. Quelles sont les raisons de cette création et du choix de notre pays?

Octavie Modert: Le programme des itinéraires culturels du Conseil de l'Europe a été créé au milieu des années quatre-vingt, avec d'autres initiatives de visibilité et de citoyenneté européenne, telles les Journées européennes du patrimoine. Il s'est d'abord développé de manière expérimentale et a connu un élan extraordinaire, tout particulièrement en invitant les Européens, mais aussi des visiteurs et des touristes venus d'autres continents à redécouvrir les chemins historiques de pèlerinage, où ils se retrouvent aujourd'hui par milliers. Le Grand-Duché de Luxembourg a, pour sa part, participé à des initiatives transfrontalières dans la Grande Région, comme les itinéraires tournés vers la découverte de l'habitat rural et aujourd'hui "Saint Martin, personnage européen, symbole du partage" et bien entendu en valorisant le patrimoine fortifié des itinéraires Wenzel et Vauban.

Nous pensons également rejoindre l'année prochaine l'itinéraire des vignobles en Europe "Iter Vitis". On sait moins peut-être que les sièges de l'ltinéraire du patrimoine des migrations ou de celui du patrimoine juif en Europe sont également établis dans notre pays.

Il nous a donc semblé logique d'accueillir toute la mémoire et le savoir-faire de ce programme et d'installer une documentation unique en Europe dans le cadre prestigieux du Centre culturel de rencontres de l'abbaye de Neumünster. Une véritable "Maison des Itinéraires culturels" a développé une bibliothèque ouverte au public, accueilli plus de soixante stagiaires et chercheurs et créé de nombreuses occasions de rencontres de ses partenaires, tel le séminaire récent sur la dimension paysagère des itinéraires culturels.

"ACCORD PARTIEL"

Le Jeudi: Est-ce que l'lnstitut européen des itinéraires culturels dispose de tous les moyens dont il a besoin?

Octavie Modert: Il est vrai que le travail de l'institut qui organise chaque année plus d'une centaine de missions dans la Grande Europe et reçoit plusieurs centaines de porteurs de projets nécessiterait des moyens plus importants. Le ministère de la Culture qui partage la tutelle de l'institut avec le Conseil de l'Europe, a consenti depuis treize années un effort important et constant. L'lnstitut a trouvé également des moyens auprès de l'Union européenne ou en participant à des programmes de recherche et de coopération culturelles. Mais la petite équipe de l'institut est aujourd'hui sollicitée audelà de ses forces. Le Conseil de l'Europe en est conscient. C'est pourquoi il nous a demandé de l'aider à convaincre d'autres pays de participer à la création d'un Fonds financier, un "Accord partiel". J'ai personnellement écrit à quarante-neuf de mes collègues dont beaucoup ont répondu positivement. Je suis donc très heureuse que cette nouvelle phase d'un programme majeur puisse débuter dès l'année 2011.

Nous accueillerons dans les locaux de l'institut ce nouvel organisme et ses personnels. Ils vont en particulier chercher à créer un enseignement européen de haut niveau pour former les nouveaux acteurs d'un tourisme culturel en pleine mutation, installer un observatoire de l'impact des itinéraires culturels sur l'économie des petites et moyennes entreprises, sur l'économie culturelle et la durabilité des démarches. Ce sont de très bonnes nouvelles qui constituent pour nous également une véritable récompense et un gage de continuité.

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