Octavie Modert, Discours à l'occasion du Conseil des ministres de la Culture, Bruxelles

Un outil pour convaincre, voilà ce que représentent les statistiques culturelles à mes yeux.

Un outil pour convaincre de l’importance de la contribution de la culture au projet européen et de son impact sur la société, mantra que nous répétons inlassablement depuis plusieurs années, et où une prise de conscience certaine à ce sujet s’est frayée son chemin entretemps.

Certes, cela nous ramène à la question de savoir pourquoi il est alors parfois difficile de faire apprécier cette contribution par d’autres.

Donc: oui, j’en déduis qu’il est nécessaire de disposer d’un arsenal de données suffisant, de données comparables et de qualité, pour rendre cette réalité palpable dans un environnement où ce sont si souvent les "hard facts" qui remportent la mise. Force est en effet de constater qu’au niveau européen et par rapport à d’autres domaines politiques, la culture accuse aujourd’hui toujours un retard important en termes de développement de statistiques. Les réponses sont restées trop partielles quand il s’agit notamment de démontrer noir sur blanc le poids, économique et autre, de la culture dans son ensemble ainsi que son évolution fulgurante, ou encore son impact potentiel dans le cadre de la stratégie Europe 2020, ou encore les parts de marchés qui reviennent aux industries culturelles et créatives.

C’est pourquoi je me réjouis particulièrement qu’avec les travaux réalisés par le réseau ESS-Net, un pas décisif a été franchi et que nous disposions désormais d’un cadre méthodologique commun sur lequel nous puissions et devons construire nos argumentaires. Et je remercie Madame la Commissaire de la reconnaissance qu’elle vient d’exprimer vis-à-vis du travail et de l’»input» du Luxembourg.

Mesdames, Messieurs,

Le but de l’exercice n’est pas de faire de la collecte supplémentaire des données statistiques – je sais que nombre d’entre vous redouteraient cela. Il s’agit plutôt de mettre en évidence tout d’abord afin de pouvoir ensuite utilement compléter, pour contribuer à favoriser une meilleure compréhension des facteurs culturels de développement dynamique. Il nous faut en effet favoriser le développement d’une vision proprement culturelle du rapport entre économie, commerce et culture.

En même temps, mesurer présuppose l’existence d’une réalité tangible. Et c’est en cela que le travail réalisé par ESS-Net contribuera de manière déterminante aux efforts en cours par rapport au rôle de la culture : non seulement dans la stratégie "EU2020", mais aussi dans le processus de construction européenne puisqu’il nous appartiendra alors de décrire la diversité culturelle en Europe et de contribuer ainsi à la définition et à l’évaluation de toute politique culturelle européenne.

Cet outil pour convaincre est aussi un instrument pour faire ressortir avec plus clarté encore les besoins de notre secteur et donc, de nos propres politiques: J’aimerais donc réitérer que les statistiques sont un instrument de politique, de soutien et d’orientation de la politique, et non pas une fin en soi – son importance va au-delà "des chiffres et des lettres". Mais il faut pour cela:

  • un engagement sans failles de la Commission européenne (un soutien politique très fort des statistiques culturelles et la prise en considération auprès de Eurostat)
  • une implication accrue des Etat membres dans la production d’un système de statistiques nationales représentatif et efficace.

Le Luxembourg quant à lui est prêt à continuer son implication, tel qu’il l’a fait au sein d’ESS-Net durant ces deux dernières années (et auparavant).

Mesdames, Messieurs,

Démontrons in fine que l’impact de la culture sur la société va au-delà de son seul impact économique!

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