Octavie Modert, Discours à l'occasion de la conférence :"La BnF et les défis du numérique", Luxembourg

Nous savons que notre Bibliothèque nationale avec sa Directrice Mme M. Kieffer est un institut culturel et scientifique très actif et à la pointe des nouvelles évolutions.

Aujourd’hui nous pouvons nous féliciter de la présence au Luxbg du président de la Bib. Nat. de France, Bruno Racine, fruit d’un partenariat entre notre Bib nat et l’Institut français et l’Ambassade de France. C’est un grand plaisir pour moi de pouvoir vous accueillir au Luxembourg, M. Racine, puisque la Bibliothèque nationale de France a souvent joué un rôle d’avant-garde (par exemple par le lancement de Gallica, le site Web de la BnF très apprécié par les Luxembourgeois).

A l’instar de l’apparition de l’imprimé à l’époque, le livre numérique déclenche une série de bouleversements qui contraignent e.a. les bibliothèques à se positionner. Car nous ne pouvons pas ne pas tenir compte des succès de tous les instruments, programmes, appareils et applications mis en place par des prestataires commerciaux (généralement d’outre-Atlantique) :

En ma double qualité de ministre de la Culture, mais aussi de ministre à la Fonction publique et à la Réforme administrative où je suis également en charge du e-Gvt avec mon administration qu’est le Centre des technologies de l’information de l’État, je suis non seulement bien placée

- pour saisir l’ampleur des changements qui sont en train de transformer nos sociétés dans le sillage de la révolution numérique mais encore
- pour saisir l’envergure des moyens et de la capacité d’innovation qu’il faut mettre en œuvre , pour que notre pays, et les pays de l’Union européenne en général, ne ratent pas ce tournant-clé de notre époque.

Il convient de positionner nos pays face à cette nouvelle donne. La numérisation garantit la visibilité future, à l’échelle mondiale, de notre patrimoine européen. Elle assure un plus large accès, donc l’accès démocratique, à la production intellectuelle de l’Europe.

Le rôle des bibliothèques prend dès lors une toute autre envergure. Une bibliothèque est le trésor intellectuel et culturel d’un peuple. Les nouvelles technologies nous aideront à la conservation de notre patrimoine écrit et à la transmission du savoir, et L’Europe doit prendre ses responsabilités à ce niveau.

Je me suis toujours fait fort au niveau du Conseil des Ministres de la Culture de l’UE pour que, ensemble, nous poussions le développement de la numérisation en Europe. Je profite de l’occasion pour féliciter les gouvernements français successifs et l’actuel ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, pour leurs nombreuses et fructueuses initiatives à cet égard et sur le champ européen. Je me permets aussi de rappeler le rôle décisif joué à l’époque par le Président Chirac pour créer la grande bibliothèque numérique européenne, dont le nom Europeana a d’ailleurs été proposé par la France. La France a en effet été le fer de lance pour les initiatives européennes en la matière.

Europeana a su donner une visibilité accrue aux programmes de numérisation et fédérer les initiatives qui sont en cours dans les bibliothèques nationales à travers l’Europe, renforçant par là-même l’image de modernité et de publicité des bibliothèques.

Au Luxembourg, nous sommes conscients de l’envergure du défi numérique, qui n’est pas seulement culturel, mais a aussi un côté économique. Un défi qui me semble plus considérable encore pour un petit pays. Un défi que j’ai voulu relever dès mon entrée en fonction :

  • Le programme gouvernemental de juin 2009, dans sa partie consacrée à la Culture, a retenu la numérisation de masse et l’archivage numérique parmi ses priorités : Je puis annoncer que nous sommes en train de mettre en place une plate-forme d’archivage numérique performante en coopération étroite avec le CTIE.
  • La loi de juin 2010 sur les bibliothèques de lecture publique a pour objectif, non seulement de renforcer le soutien financier à ces bibliothèques décentralisées, mais encore de les préparer, avec le soutien de la Bibliothèque nationale, au monde des e-books qui, s’ils ne le font pas encore, du moins feront bientôt partie de notre réalité quotidienne.
  • Les activités de la Bibliothèque nationale en sa qualité de plate-forme documentaire nationale, en particulier dans le domaine de la numérisation, font partie intégrante du programme d’action national pour la mise en œuvre de la stratégie européenne "Europe 2020".
  • Enfin, la construction d’un nouveau bâtiment pour la BnL au Kirchberg, dont les travaux de planification sont définitivement sur les rails, contribuera aussi à rendre notre Bibliothèque nationale plus attractive et plus performante. La nouvelle Bibliothèque nationale sera une bibliothèque dans les murs et hors les murs. Elle saura combiner la qualité de l’accueil, de l’offre et de l’échange en lieu physique, à la qualité et la multiplicité des services en ligne.

Pour aller de l’avant, il faudra sans doute à l’avenir, à l’échelle européenne ET dans chacun de nos pays, encore de nombreuses actions courageuses et innovantes. Il faudra certainement aller bien au-delà de ce qui a déjà été réalisé, que ce soit sur le plan national ou international.

Mes félicitations donc à la directrice de notre Bibliothèque nationale, Madame Monique Kieffer, et au président de la Bibliothèque nationale de France, Monsieur Bruno Racine, pour leurs bonnes relations de coopération. J’assure aux deux institutions mon plein soutien afin que ces bonnes relations non seulement perdurent, mais puissent s’intensifier au bénéfice de nos deux pays et sociétés.

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais répéter ici ce que j’ai déjà eu l’occasion de dire : si nous voulons mobiliser la jeunesse, la génération Internet, pour la lecture, le savoir, la littérature et notre patrimoine ; et si par ailleurs nous voulons rester visible à l’échelle internationale, promouvoir notre patrimoine et donner l’image d’un pays moderne : alors il faut être présent et performant sur le créneau du numérique !

Il ne faut pas avoir peur du numérique ! c’est, au contraire, une chance: à condition de ne pas rater le coche – et cela partout (notamment) en Europe !

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